jeudi 10 septembre 2015

L’Inconnue de la Seine - Vladimir Nabokov

Masque mortuaire de l'Inconnue de la Seine

Hâtant de cette vie le dénouement,
N’aimant rien sur terre,
Toujours je regarde le masque blanc
De ton visage sans vie.

Dans les cordes se mourant à l’infini
J’entends la voix de ta beauté.
Dans les foules blêmes des jeunes noyées
Tu es plus blême et ensorcelante que toutes.

Au moins dans les sons reste avec moi!
Ton sort fut avare en bonheur,
Alors réponds d’un posthume sourire moqueur
De tes lèvres de gypse enchantées.


Pièce de circonstance - Jean Cocteau



Gravez votre nom dans un arbre
Qui poussera jusqu’au nadir 1.
Un arbre vaut mieux que le marbre,
Car on y voit les noms grandir.


Extrait de « Vocabulaire » de Jean Cocteau, paru en 1922.


Tu mets du soleil - Maurice Carême




Tu mets du soleil dans mon ombre,
Des oiseaux dans mes peupliers.
Ah ! qu’ai-je fait donc en ce monde
Pour mériter tant de bonté !

Ainsi, il m’a suffi de naître
Et de rester ce que je suis
Pour te voir un jour apparaître
Comme une étoile sur ma vie.

Tout est devenu facile !
Je marche et je t’entends marcher
Devant moi, rieuse et tranquille.

Enigme littéraire : Epigramme de Voltaire

Voltaire

« L’autre jour, au fond d’un vallon

Un serpent piqua Jean Fréron.1

Que pensez-vous qu’il arriva ? 




Je suis de celles - Bénabar



Tiens, qu'est-ce que tu fais là ?
C'est moi, c'est Nathalie
Quoi tu ne me reconnais pas ?
Mais si…

On était ensemble au lycée
C'est vrai, j'ai changé
J'ai des enfants, un mari
Bah quoi, t'as l'air surpris

J'étais pas destinée
A une vie bien rangée
J'étais perdue
Mon mari m'a trouvée

Proverbe de Russie



« Prie Dieu, mais continue de nager vers le rivage ! »

Vous faites voir des os quand vous riez, Hélène - Paul Scarron



Vous faites voir des os quand vous riez, Hélène, 
Dont les uns sont entiers et ne sont guère blancs ; 
Les autres, des fragments noirs comme de l’ébène 
Et tous, entiers ou non, cariés et tremblants.

Comme dans la gencive ils ne tiennent qu’à peine 
Et que vous éclatez à vous rompre les flancs, 
Non seulement la toux, mais votre seule haleine 
Peut les mettre à vos pieds, déchaussés et sanglants.

Ne vous mêlez donc plus du métier de rieuse ; 
Fréquentez les convois et devenez pleureuse : 
D’un si fidèle avis faites votre profit.

Ma promenade en Beauce en aéroplane - Louis Blériot

Le « Blériot XI » (1909) - Reconstitution

[…]

« M’affranchir des champs exigus de manœuvre où l’espace manque, où l’essor est paralysé, où d’inexorables barrières enserrent le vol, telle était ma grande préoccupation.

J’ai pu enfin me lancer, dans l’azur, en plein ciel, avec devant mes yeux, la route aérienne et fluide, par-dessus la plaine, baignée de rayons…Les routes, les talus, les arbres, les fossés, tout galopait sous moi dans une fantasmagorie de songe. Je côtoyais les villages aux blancs clochers, les fermes riaient au soleil. Des laboureurs me regardaient, avec, dans les yeux, une stupéfaction soudaine, le geste interrompu, la face ébahie…La manœuvre de mon appareil ne nécessitait aucun effort. Je m’étais tracé une route sur la carte et je la suivais avec une parfaite exactitude, sans dévier un instant de la ligne voulue. J’avais la sensation d’être l’esclave de mon moteur…J’écoutais avec une appréhension secrète ses réguliers battements ; il battait comme le cœur de la vivante machine. Ah ! si jamais ce cœur s’arrêtait ! L’atterrissage s’effectua sur ces admirables champs de Beauce, à la terre parfumée. Il fut excessivement doux. Je volais à quatre-vingts à l’heure et l’appareil roula sur les sillons, sans s’enfoncer, comme sur un tapis. »


                                              Louis Blériot, Pour l’aviation

Haïku sur l’automne - Annick Combier/ Léa Djeziri



Les pins ont ployé
L’été d’or a basculé
La cigale a chu.

Matin d’automne
Le pin noyé de brume
Rêve aux cigales


Extrait du recueil : « Haïkus des saisons » d’Annick Combier et Léa Djeziri, éditions du Jasmin

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