lundi 1 avril 2013

État des lieux - Bernard Lavilliers


Je vois des grands Tchernobyl en puissance
Je vois des animaux clônés
Des millions de tonnes de pétrole en souffrance
Sur des super-tankers rouillés
Tout en régressant, on se dit qu’on avance
On accélère, on tourne en rond
Les super-productions font la tendance
J’entends toujours la même chanson

Cassés de l’est, stressés de l’ouest
Rusés du nord, usés du sud
Vers quelle certitude, vers quelle latitude
Vers quelle lassitude, vers quelle certitude
Allez-vous ?

Je vois l’énorme appétit de matière
Cette montagne de déchets
Des sous-marins coulés, mais nucléaires
Ça fait toujours un drôle d’effet
Qui va manger le gâteau d’anniversaire ?
Pas ceux qui paient l’addition
S’il reste des miettes pour l’œuvre humanitaire
Ce sera toujours la même chanson

Cassés de l’est, stressés de l’ouest
Rusés du nord, usés du sud
Vers quelle certitude, vers quelle latitude
Vers quelle lassitude, vers quelle certitude
Allez-vous ?

Je vois des guerres tribales comme des cancers
Qui rongent des pays déchirés
La propagande aveugle, totalitaire
Et l’addition qu’on va payer
Je vois des océans couleur d’encre
Je vois des poissons irradiés
Je vois des canicules hallucinantes
Toutes ces villes inondées

Que la nature assure, les animaux s’en sortent
Que le point de rupture ne soit pas lettre morte
Après nous le déluge, bombardé de neutrons
L’univers qui nous juge nous donne le frisson

Cassés de l’est, stressés de l’ouest
Rusés du nord, usés du sud
Vers quelle certitude, vers quelle latitude
Vers quelle lassitude, vers quelle certitude
Allez-vous ?

                              Bernard Lavilliers







La chanson :

Bernard Lavilliers
Bernard Lavilliers est l’auteur, compositeur et interprète de cette chanson. Elle est sortie en 2004, dans l’album « Carnets de bord ».

Un commentaire :

Un état des lieux factuel qui forme un triste constat sur le monde. Lorsque tout est ainsi concentré en quelques lignes, le temps d’une chanson, on en a des frissons dans le dos…
Personnellement, j’ose penser que notre instinct de survie et notre capacité d’indignation peuvent encore être éveillés. Je me rappelle de cette phrase d’Anatole France : « Nous avons perdu la foi et nous voulons y croire encore. » Que pouvons-nous faire d’autre ?

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