vendredi 4 mai 2012

Poème - Victor Hugo


Ô jeunes gens ! Elus ! Fleurs du monde vivant,
Maîtres du mois d’avril et du soleil levant,
N’écoutez pas ces gens qui disent : soyez sages !
La sagesse est de fuir tous ces mornes visages !
Soyez jeunes, gais, vifs, amoureux, soyez fous !
Ô doux amis, vivez, aimez ! Défiez-vous
De tous ces conseillers douceâtres et sinistres.
Vous avez l’air joyeux, ce qui déplaît aux cuistres.
Des cheveux en forêt, noirs, profonds, abondants,
Le teint frais, le pied sûr, l’œil clair, toutes vos dents ;
Eux, ridés, épuisés, flétris, édentés, chauves,
Hideux ; l’envie en deuil clignote en leurs yeux fauves.
Oh ! comme je les hais, ces solennels grigous !
Ils composent, avec leur fiel et leurs dégoûts,
Une sagesse pleine et d’ennui et de jeûnes,
Et, faite pour les vieux, osent l’offrir aux jeunes !

 Extrait du recueil posthume « Océan », de Victor Hugo.
  

Victor Hugo (1802-1885) nous mène avec intelligence et élégance là où il veut ! Balayé, le cliché de la sagesse de l’âge, on en viendrait presque à penser comme lui…si la raison ne venait pas tempérer un peu l’ardeur de ce discours.
 On ne sait pas à quelle époque de sa vie Hugo a écrit ces vers. En effet, quantité d’écrits n’ayant jamais été publiés ont été retrouvés à son décès, dont celui-ci. Ce poème est donc paru en 1942, dans un recueil d’œuvres posthumes intitulé « Océan ».

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